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Euro Franken

Suppression du taux plancher de l'Euro - pas de décisions précipitées

La suppression du taux plancher de l'Euro par la Banque Nationale Suisse et la réévaluation que cela a entrainé pour le franc suisse a choqué la Suisse. Si le cours de change envers l'Euro devait se développer vers la parité et y rester, il y a fort à parier que de grands changements structurels se produiront. L'Association suisse des cadres défend les intérêts des dirigeants et du personnel cadre suisses. Elle déconseille toutefois de céder à la panique et de prendre des décisions pouvant durablement nuire à l'économie suisse.

L'économie suisse toujours forte

Malgré de hauts coûts du travail et le franc fort, la Suisse détient depuis des années une position de premier plan dans la concurrence globale en ce qui concerne l'esprit d'innovation et l'attrait de la place économique. Parmi ses forces, l'on compte les innovations (enregistrements de brevets, etc.), les travailleurs très bien formés, la qualité des instituts de recherches, les dépenses élevées pour la recherche et le développement dans les entreprises et le réseautage étroit entre les Hautes Ecoles et l'économie. Dans les comparaisons avec la concurrence internationale sur les places économiques, la Suisse est aussi favorisée par la stabilité politique, l'environnement libéral de l'économie, l'importante création de valeurs, les bas coûts des capitaux, la haute stabilité du pouvoir d'achat ainsi que les charges relativement basse de la fiscalité face à celle de l'Europe.

Il est donc essentiel de conserver ces avantages. Et important d'actionner les bons leviers et de poser les bonnes questions sur les exigences de certains partis politiques.

En premier lieu, il y a lieu de différencier: toutes les branches ne sont pas touchées de manière identique par la levée du taux plancher de l'Euro. Les avantages concurrentiels de l'économie suisse d'exportation se situent dans la qualité élevée de ses produits. L'industrie pharmaceutique et les entreprises leaders sur leurs marchés pour un produit phare – tel que l'électronique ou les instruments de précision – sont moins soumises à la concurrence des prix grâce à leurs prestations dans la recherche et la protection par les brevets. Les produits premium comme le chocolat haut de gamme, le fromage de qualité et les capsules de café se distinguent clairement de la concurrence internationale et sont moins sensibles aux prix. De l'autre côté, les producteurs de produits standards auront plus de peine à maintenir leurs prix par rapport à la faiblesse de l'Euro. S'ils n'adaptent pas leurs prix, ils doivent compter avec une chute des commandes. Comme les marges ne permettent en général pas d'offrir les produits avec un rabais de 10 – 15 pourcents, les coûts doivent être diminués. De façon identique, les secteurs demandant beaucoup de travail avec des coûts élevés vont souffrir le la réévaluation du franc suisse. Le secteur du tourisme, l'industrie du bois et du textile en font, entre autres, partie.

Adaptation de la structure des coûts

Quel est l'avis de l'ASC sur les mesures possibles pour baisser les coûts? Tout d'abord, une remarque générale: déjà lors de l'introduction du taux plancher le 6 septembre 2011, il était clair que cette limite allait être supprimée à un moment donné. Ainsi, les dangers qui y sont liés auraient déjà dû être pris en compte dans la gestion des risques des entreprises. En outre, de nombreuses firmes font leurs achats à l'étranger et elles peuvent maintenant baisser leurs coûts d'approvisionnement et en plus elles profitent depuis assez longtemps du bas prix du pétrole.

L'ASC estime de manière différenciée les mesures d'adaptation de la structure des coûts:

  • Réduction de l'horaire de travail/chômage partiel: en périodes de mauvaise situation temporaire des commandes, l'employeur peut réduire le temps de travail pour éviter des licenciements. Les indemnités en cas de réduction de l'horaire de travail couvrent, comme le fait une assurance, le 80% des pertes de salaires. Dans de nombreuses entreprises, les carnets de commandes sont encore et toujours pleins, raison pour laquelle cette mesure sera à appliquer de manière décalée dans le temps. L'ASC soutient en principe la possibilité de la réduction de l'horaire de travail si les commandes en baisse sont effectivement dues à la faiblesse de l'Euro. Le dit chômage partiel aide à surmonter des périodes de manque temporaire de commandes sans licenciements et sans perte de personnel qualifié.
  • Diminutions de salaire: aux yeux de l'ASC, les diminutions salariales ne sont appropriées que lorsque les autres mesures échouent. Elles ont souvent des effets négatifs sur la motivation des salariés. Il est donc d'autant plus important d'appliquer les diminutions salariales de façon loyale et respectueuses. Elles doivent être expliquées de manière claire et motivées par la situation des commandes ou par des rabais octroyés sur les prix. Une diminution de salaire est répartie de manière juste lorsque le montant de la diminution se fait proportionnellement aux parts existantes des indemnités (salaire, bonus, participations au bénéfice). Dans le cas idéal, la direction montre la voie et participe substantiellement à la réduction des coûts. En outre, les mesures de réduction de salaire devraient être limitées dans le temps et abolies dès que les valeurs cibles définies (chiffre d'affaires, carnet de commandes, marges) sont atteintes. Faire honnêtement participer les collaborateurs, un comportement valorisant et des informations régulière, voici ce qui renforce la confiance des collaborateurs dans les entreprises en ayant effet positif sur leur propre engagement.
  • Augmentation de l'horaire du temps de travail: Cette mesure n'a de sens que s'il y a suffisamment de commandes. Par la hausse du temps de travail hebdomadaire, l'entreprise peut renoncer à embaucher. La productivité est augmentée de façon à livrer respectivement plus rapidement ou à des coûts plus bas. Comme pour les diminutions salariales, il faut appliquer les mêmes conditions. La hausse du temps de travail doit être motivée, suivie et la durée de la mesure couplée à des indicateurs (par ex. évolution du cours de l'Euro). Une protection contre les licenciements pour raisons économiques durant l'application de la mesure pousse les collaborateurs à plus faire confiance et à un engagement accru.
  • Intégrer les approches dans la chaîne d'approvisionnement: actuellement, l'économie est marquée par les réseaux de chaînes logistiques entre les entreprises de production, livraison et transport. Au lieu de baisser de façon isolée les coûts ou d'exiger des baisses de prix auprès des sous-traitants, il faudrait vérifier avec les entreprises de livraison et de logistique de quelle manière les mesures de baisses des coûts pourraient être loyalement répartie entre les partenaires. Ici aussi, la considération intégrée renforce la confiance et permet de mettre en évidence des potentiels innovants pour l'avenir.

Dans les secteurs avec des Conventions collectives de travail, l'association des employeurs détient une fonction importante lors de la mise en œuvre loyale de mesures. Pour conserver les postes de travail en Suisse, il faut des entreprises innovantes et concurrentielles. En regard de la pénurie de travailleurs qualifiés qui se profile à l'horizon, ce maintien ne réussira que si le savoir-faire reste dans les entreprises. Les agissements précipités détruisent la confiance et la loyauté des collaborateurs. Lors d'une embellie économique, ce seront alors les détenteurs du savoir-faire qui quitteront l'entreprise en premier. Une association d'employeurs feraient bien de soutenir ses entreprises membres par des principes de comportement, des check-lists sur les choses à faire ou à ne pas faire et des exemples concrets. L'ASC fait ainsi appel à la responsabilité des employeurs afin qu'ils fassent tout leur possible pour maintenir les places de travail.

Autres approches

Pour les consommateurs et les entreprises, la dévaluation de l'Euro doit se répercuter par une baisse de prix des importations. L'ASC salue ainsi les mesures dans le cadre de la révision de la loi sur les cartels permettant d'intervenir contre le supplément suisse des groupes internationaux et contre les entraves aux importations parallèles.

L'ASC est en revanche sceptique face à la proposition de baisse le taux de TVA pour le tourisme. Cette mesure est-elle efficace par rapport à la diminution des recettes fiscales? Et sur le front des ventes, une réduction du taux de TVA allant jusqu'à 3.8% aura-t-elle des effets face à la dévaluation de l'Euro de 10-15%?

En général, l'ASC compte sur des mesures contenant des réflexions coûts-efficacité et sur le fait que leur faisabilité soit vérifiée dans l'environnement politique. En outre, elles doivent être limitées dans le temps, l'abandon de la mesure doit être prévu dans la planification pour éviter des surprises telles que la levée du taux plancher du franc suisse.