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Une femme en politique

Une femme dans le milieu politique ? La question peut paraître quelque peu incongrue au XXIème siècle tant le statut de la femme au sein de la société a évolué depuis qu’elle a obtenu le droit de vote, depuis qu’elle s’est émancipée en revendiquant son indépendance financière et en affirmant son indépendance d’esprit au sein de la cellule familiale. Les questions de genres liées à des affectations professionnelles et familiales, continuent de s’aplanir, les préjugés tombent, du moins dans nos sociétés occidentales.

Alors pourquoi se pose-t-on la question ? Qu’y a-t-il de si étonnant, intriguant, différent au fait qu’une femme brigue une fonction politique ?  Y a-t-il matière à débattre ?

Il y a de plus en plus de femmes qui s’intéressent aux affaires publiques et cela me réjouit. Elles saisissent leur chance de s’y impliquer, dans un régime de démocratie semi-directe qui les y autorise.  Cela signifie également qu’en Suisse, le niveau général d’instruction et de formation est suffisamment élevé pour que chacun et chacune ne soient pas laissés sur le carreau de l’ignorance et soient en mesure d’afficher un avis personnel circonstancié et respectable.  Par ailleurs, l’éducation endosse une responsabilité indéniable dans la mesure où les mères et les pères doivent montrer l’exemple d’un partenariat qui fonctionne au-delà des rôles convenus, dans la confiance et le respect mutuels. On avance dans le bons sens… !

Accepter un mandat politique revient à devoir concilier, tous genres confondus, toutes nos poly-vies : la politique à temps partiel, le privé en famille et dans nos loisirs ainsi que notre vie professionnelle.

Ce n’est de loin pas une sinécure et cette perspective, on peut le comprendre, en décourage un certain nombre d’entre nous, notamment les femmes. Ces fonctions politiques nécessitent en effet, un peu d’ambition, beaucoup d’énergie, une organisation de tous les instants, d’avoir le sens du bien commun, l’envie de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie et de vouloir être partie prenante de l’avenir de sa Commune, de son canton, de son pays. C’est passionnant, c’est gratifiant mais le revers de la médaille consiste à devoir faire l’impasse tantôt sur nos loisirs ainsi que nos amis qu’on ne voit plus aussi souvent, tantôt sur la vie de famille que l’on voudrait exemplaire. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs croit-on… conditionnées que nous sommes par des schémas mentaux ancestraux qui nous culpabilisent.

Exercer une fonction dirigeante, nous apprend à dompter la solitude du responsable, même si ce dernier ou cette dernière peut s’appuyer sur une administration et un service technique performants, des collègues de parti pas toujours partisans, une équipe qu’on n’a pas choisie et/ou dont l’obédience politique de certains n’est pas notre tasse de thé.

On se rend compte de la multitude de dossiers à traiter dans des univers fort différents. Le perfectionnisme, souvent attribuée à tort -essentiellement- aux femmes, est mauvaise conseillère. Si tel devait être son trait de caractère, il faut l’oublier et apprendre à travailler vite, à traiter ce qui est prioritaire, à comprendre rapidement ce dont il est question, les enjeux, les problèmes, les risques sans se perdre dans les détails, à organiser sa journée pour que le job, la famille et la politique puissent être conduits de concert sans prétériter ni les uns ni les autres. 

A la tête d’une Commune, il faut savoir prendre du recul, apprendre à se forger une armure, savoir communiquer avec intelligence car si l’exercice est difficile, la critique est aisée sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Plaire à tout le monde, n’est pas diriger, c’est dire oui sans pouvoir tenir ses promesses. Mais prendre ses responsabilités signifie imposer parfois des mesures impopulaires. Et d’autant plus lorsqu’il faut agir en situation de crise, celle-ci révèle bien vite les compétences émotionnelles du pilote à bord du bateau.

A ce jeu-là, tout le monde n’a pas la même sensibilité et ne se laisse pas atteindre au même degré.

Les émotions sont-elles genrées ? Je ne le crois pas. Je crois cependant à la faculté qu’ont certaines femmes à exprimer plus volontiers leurs états d’âme, leurs inquiétudes, leurs doutes. Mais elles apprennent à maîtriser leurs émotions, à garder leur sang-froid pour ne pas prêter le flanc à la critique car le raccourci est vite dessiné, réduisant cet exutoire à une preuve de faiblesse voire d’incompétence. Notre éducation, notre parcours de vie professionnel et familial, notre capacité à gérer la charge mentale en étant sur tous les fronts nous façonnent un savoir-être et un style de leadership, endurant, déterminé et empathique de manière à générer l’adhésion et la motivation au sein de l’équipe communale, de nos collaborateurs et de nos administrés. C’est du moins le but vers lequel nous devrions tous tendre.

La vie de famille développe notre sensibilité et nous rend aptes à écouter activement les besoins et les attentes de nos enfants, nous efforçant d’y répondre judicieusement tout en étant déterminés et fermes dans la prise de décisions. Cette expérience est bénéfique car elle est transposable dans les milieux professionnel et politique.

En pratiquant la voile au large dans mes loisirs, j’ai appris à composer avec une équipe, à compter sur l’engagement des uns et des autres, à faire confiance, à s’organiser. Tout se fait ensemble, aussi bien en navigation qu’au coin cuisine en passant par l’avitaillement. Chacun s’efforce de contribuer à instaurer un climat d’entente cordiale entre des membres d’équipage qui au départ ne se connaissent pas nécessairement et doivent collaborer dans un espace restreint.  Ce genre d’expérience est aussi profitable à la barre d’une Commune !

Je prône ainsi une gestion non pyramidale, c’est-à-dire horizontale, collaborative, en équipe et transparente en implémentant une culture de management optimiste.  Ce qui n’empêche nullement de tenir fermement la barre et de porter la responsabilité des décisions et des actions.
Cette gestion autorise la délégation de compétences aux personnes qui en sont pourvues. Des objectifs, des outils de contrôle d’avancement du travail, des débriefings, des reportings doivent cependant exister.  C’est une manière de travailler plus respectueuse, plus motivante, plus mobilisatrice pour les ressources humaines. Elle assure le bien-être au travail, l’efficience, la diminution de l’absentéisme et la fidélisation.
Notre vie professionnelle et familiale, notre éducation, nos études et nos loisirs déteignent sur la manière de gérer une équipe, de conduire un « bateau ».  Il n’est pas nécessaire d’occulter sa féminité pour être crédible, il n’est pas nécessaire non plus d’user de codes militaires pour s’affirmer. La compétence, une sensibilité de bon aloi et l’intelligence ne sont pas genrées !


Karine Sierro-Masserey, qui êtes-vous ?
Je suis une femme qui vit pleinement son bonheur à acquérir en permanence de nouvelles expériences de vie ainsi que des compétences dans toutes sortes de domaines pour y trouver un épanouissement et un équilibre personnels et pour les mettre à la disposition de personnes qui pourraient les rechercher. Il y a une réelle joie à donner de son temps, de son être, de son travail.  C’est un double accomplissement du bien d’autrui et du nôtre.

Comment l’entrepreneuse que vous êtes a-t-elle vécu son rôle de présidente au sein de sa Commune?
Je n’imaginais pas à quel point les deux univers sont proches. Un ou une bonne présidente de Commune devrait, à mon sens, diriger sa commune en bon entrepreneur. Il faut en effet, d’abord, être passionnée par ce que l’on fait. Etre déterminée à agir, en sachant ce qu’il faut effectuer pour avancer et pour progresser coûte que coûte. Cela passe par de la persévérance et du courage pour transcender les déceptions, les frustrations et les échecs.
Une bonne dose de rêves et de créativité est nécessaire également, elle va se traduire par une vision et des stratégies qui nous tirent en avant. Ancrer sa Commune ou son entreprise dans la réussite, c’est apporter à ses citoyens ou à ses clients de la valeur ajoutée, une réponse à une attente, en étant proactifs et réactifs.
C’est être sociable, rechercher le contact, être à l’écoute de son environnement et de son public, vouloir chercher à le comprendre, l’accepter, le reconnaître dans ce qu’il est, aussi dans ce qu’il peut nous apporter. Il faut savoir se remettre en question, questionner ses certitudes. Enfin, « at last but not least », il faut être organisé, il faut planifier, être discipliné et savoir faire preuve de rigueur.  Je terminerai en évoquant l’importance d’être intègre pour donner confiance, rassurer, fidéliser.

Si les femmes sont mieux représentées au Parlement fédéral, la situation est différente au niveau local. Pourquoi selon vous ?
Ce n’est pas ce que je constate. Nous avons eu beaucoup de femmes élues en Valais au niveau communal, y compris à la présidence lors des dernières élections d’octobre.
Je pense que les statistiques évoluent en fonction des années et des opportunités.
Ce n’est pas ou plus une question de politique partisane, qui ferait que tel ou tel autre parti écarteraient délibérément les femmes. Le terrain n’est juste pas encore tout à fait mûr pour que certaines femmes s’engagent dans l’instant T et cela pour des raisons diverses. Mais elles sont bien là et les jeunes également. C’est une question de temporalité.
Je ne nie pas qu’il existe toujours des esprits chagrins, très conservateurs, méfiants ou sceptiques qui ne veulent pas intégrer des femmes sur leur liste de parti ! Par ailleurs, il y a encore et toujours des femmes compétentes qui hésitent à s’engager tant qu’on n’aura pas amélioré les conditions-cadres permettant de concilier vie familiale, professionnelle et politique.

Qu’est-ce qui vous a incité à vous inscrire au processus de certification des exécutifs communaux? J’avais appris qu’un processus de validation des compétences de conduite et de management reconnue dans le monde du travail, existait non seulement pour les cadres de l’armée mais aussi pour les membres des exécutifs communaux. Je trouve ce genre de transfert très pertinent, lequel donne une valeur ajoutée à l’institution, pourrait être pour certaines personnes une motivation supplémentaire à y adhérer et leur confère une reconnaissance professionnelle pour la mission d’intérêt public qu’elles ont accomplie à satisfaction. Cette certification est pour moi une retombée indirecte positive de mon engagement.

Votre processus de certification a été validé. Quelle est votre conclusion ?
Je suis très heureuse de l’avoir obtenue. Je la vois un peu comme le pendant du certificat de travail dans l’environnement professionnel, une reconnaissance objective et non électoraliste de mes capacités à gérer une Commune.
En traversant tout ce processus, je me suis rendu compte de toutes les compétences de conduite requises au bon fonctionnement d’un exécutif communal, d’autant plus lorsque nous nous trouvons à sa tête. Je n’en avais pas nécessairement conscience. Cela m’a permis de détecter, parfois avec surprise, les origines de certaines compétences, issues de mon expérience de vie, de mes expériences professionnelles, de mes études et formations continues, et même de la pratique de certains loisirs, d’autres par mon caractère, mon tempérament. Cela m’a permis de voir où étaient mes forces et mes faiblesses et m’a ouvert les yeux sur l’importance de pouvoir disposer d’une grande partie de ces compétences avant de prétendre occuper valablement un poste de cette nature. J’ai réalisé également en quoi cette expérience m’avait enrichie. Je ne peux que recommander cette certification.


 


 

L'ASC propose une certification des
compétences acquises - désormais en
partenariat avec L'Association des 
Communes Suisses.

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